1.1 - NOTRE PRISON

 

Si vous lisez ces lignes, c’est probablement parce que vous avez envie de changer quelque chose en vous ou dans votre vie. Si c’est le cas, vous êtes à la bonne adresse. A ceci près que le changement que vous espérez ne sera pas un but en soi, mais seulement une conséquence : celle de votre libération.

 

Si de nombreuses thérapies reposent en effet sur l'idée que nous sommes des êtres abimés par les aléas de la vie et que nous avons donc besoin d'être réparés, l’approche que défend ce programme est sensiblement différente : elle part du postulat que nous sommes des individus prisonniers, et que pour parvenir à une vie plus satisfaisante, il nous suffit de nous libérer.

 

Notre prison commune, c’est celle de nos peurs et de nos conditionnements ; c'est celle de ces croyances limitantes, de ces blessures affectives et de ces émotions négatives que nous avons accumulées depuis notre enfance et qui nous empêchent d’exploiter notre vrai potentiel et de vivre pleinement notre vie. C’est aussi celle de ces personnages derrière lesquels nous nous cachons pour ne pas avoir à nous confronter au réel, et celle de ces mensonges auxquels nous acceptons de croire parce que nous pensons, à tort, qu’ils nous protègent.

 

Ce sont les murs de cette prison que le programme de "Libération de soi" se propose de vous aider à faire tomber, en vous permettant de prendre conscience, puis de dépasser vos conditionnements et vos peurs, et d’ainsi recouvrer tout votre pouvoir personnel.

C’est de cette reconquête que découleront naturellement les changements que vous souhaitez, ceux que vous n’espériez plus, ou ceux que vous n’attendiez pas.

1.2 - LE CHANGEMENT

 

Nous nous sommes tous construits, depuis notre enfance, sur un équilibre émotionnel plus ou moins stable, plus ou moins satisfaisant. Confrontés très tôt à des évènements qui faisaient surgir en nous des émotions bien trop douloureuses pour notre sensibilité naissante, nous avons tous mis au point, afin de nous en protéger, différentes stratégies de contrôle, de défense, d'évitement ou de déni.

 

Ces stratégies, si nécessaires durant notre enfance, nous les avons par la suite conservées. Elles ne sont pourtant pas parfaites, et notre vie d’adulte se résume bien souvent à des montagnes russes émotionnelles. Mais bon-an-mal-an, nous arrivons généralement à retomber sur nos pieds. C’est pour cette raison que, malgré le degré de frustration ou de souffrance que nous ressentons parfois, l’équilibre matériel et émotionnel que nous avons réussi à construire au fil des années reste ce que nous avons de plus cher.

 

Vouloir changer quelque chose en nous ou dans notre vie, c’est donc accepter de remettre en cause cet équilibre durement gagné ; c’est accepter de nous mettre personnellement en danger. Or cela ne peut se faire qu’à l’aide de deux ingrédients majeurs :
- L’espoir – celui de retrouver plus tard un nouvel équilibre, plus stable ou plus satisfaisant.
- La confiance – en nous-mêmes, dans le processus de changement, et dans la vie en général.

 

C’est là toute l’ambition du programme de « Libération de soi" : remplacer la peur et le doute par la confiance et l’espoir, et ainsi vous aider à reconquérir tout votre pouvoir personnel.



Le pouvoir personnel

Dans ce programme, nous distinguerons deux types de pouvoir personnel : le pouvoir d'action et le pouvoir de réaction.

 

Le pouvoir personnel d'action se distingue par l’aptitude à agir de façon juste, c’est-à-dire la capacité à :
1) Se libérer des attentes des autres et se fixer des objectifs de vie qui soient en accord avec soi-même (en particulier avec ses besoins, ses désirs et ses valeurs).
2) Se débarrasser de ses croyances limitantes et se reconnecter à ses propres ressources personnelles.
3) Dépasser ses peurs et ses freins au changement, et oser agir concrètement en mobilisant ses ressources personnelles afin d’atteindre ses objectifs de vie.

 

Le pouvoir personnel de réaction se distingue, lui, par l’aptitude à réagir émotionnellement de façon juste, c’est-à-dire par la capacité à :
1) Ne pas réagir aux émotions "cérébrales" (liées aux croyances personnelles) de manière automatique, en fonction de ses propres conditionnements et mécanismes de protection.
2) Accepter de se laisser traverser par les émotions "corporelles" (dues aux blessures affectives) sans aucun filtre ni jugement.
3) Eviter que toutes ces réactions émotionnelles ne viennent perturber, voire saborder, son propre pouvoir personnel d’action – c’est-à-dire sa capacité à se définir des objectifs justes et à mobiliser ses ressources pour les atteindre.

1.3 - LE PROGRAMME DE LIBERATION DE SOI

 

L’idée générale qui sous-tend le programme de "Libération de soi" est que la plupart des souffrances que nous endurons dans nos vies ont pour cause principale le fait :

1) Que nous basons la plupart de nos pensées sur des croyances erronées qui provoquent en nous des émotions négatives,
2) Que nous gardons dans nos cellules la mémoire d’évènements passés qui ont tendance à réveiller en nous d’anciennes blessures,
3) Que pour éviter cette double souffrance, nous usons de stratégies de protection et de compensation qui, en allant à l’encontre de nos véritables besoins, nous maintiennent dans une insatisfaction permanente.
4) Que toutes ces croyances, blessures et protections nous empêchent, en fin de compte, d’accepter la réalité telle qu’elle est – une non-acceptation à l’origine de toutes nos souffrances émotionnelles.

L’objectif de la "Libération de soi " est de vous aider à vous libérer de ce mécanisme délétère, à travers un programme basé sur sept étapes successives :

Etape 1 : Comprendre nos mécanismes émotionnels
Nous, êtres humains, sommes des organismes biologiques dotés de mécanismes physiologiques et psychologiques dont le but est d’assurer notre survie. Parmi ces mécanismes se trouvent les émotions, dont la fonction consiste à nous prévenir lorsque l’un de nos besoins essentiels n’est pas satisfait. Pourtant, la plupart de nos émotions ne sont pas la conséquence directe des évènements qui se produisent dans nos vies, mais la résultante des pensées que nous formulons à propos de ces évènements - des pensées personnelles et subjectives, liées à nos expériences passées et aux croyances dont nous avons hérité.

Etape 2 : Prendre conscience de nos mécanismes de protection et de compensation
Parce que nos expériences passées sont souvent associées à des blessures affectives et que la plupart de nos croyances héritées sont erronées, nos émotions ont naturellement tendance à refléter une vision négative de la réalité. Alors, afin de fuir cette négativité douloureuse, nous avons l'habitude d'user de différentes stratégies de protection et de compensation. Mais ces mécanismes de défense, souvent inconscients, finissent par nous isoler de nos semblables et par nous couper de nous-mêmes et de nos véritables besoins et désirs.

Etape 3 : Identifier nos besoins et nos désirs profonds
Otages des émotions que nos croyances et blessures induisent en nous et des envies factices que la société nous dicte, nous avons tendance à ne pas écouter nos véritables besoins et désirs. Cette situation engendre en nous une sensation de vide et d'absence de sens que nous avons tendance à essayer de combler, en vain, par des moyens inappropriés tels que la dépendance affective, la consommation matérielle, la sur-stimulation intellectuelle ou les addictions diverses.

Etape 4 : Dépasser nos freins au changement
Il arrive parfois que nous prenions conscience de notre insatisfaction et essayions de changer quelque chose à nos vies. Se réveillent alors en nous des forces contraires qui tendent à s’opposer à ce changement. Ces forces sont issues des multiples peurs que nous abritons en nous et des bénéfices secondaires que nous retirons souvent de nos malheurs. Avant de pouvoir envisager tout changement, il nous faut préalablement les dépasser, grâce à une confiance retrouvée en nous-mêmes et dans le processus de changement lui-même.

Etape 5 : Remettre en cause nos croyances limitantes
La prise de conscience de nos mécanismes émotionnels et de nos systèmes de défense était un préambule. Pour permettre un changement véritable, il nous faut agir concrètement sur notre dialogue intérieur – afin de sortir du ressassement négatif –, sur nos croyances limitantes – afin de gagner une meilleure estime de nous-mêmes –, et enfin sur notre rapport aux autres – afin de retrouver des relations plus apaisées. Ce travail, en changeant notre perception sur nous-mêmes et sur le monde, nous permet de ressentir des émotions plus adéquates (c’est-à-dire plus en rapport avec nos besoins) et de retrouver tout notre pouvoir personnel.

Etape 6 : Nous reconnecter à nos véritables émotions
Blotties au cœur de nos cellules, les mémoires liées à nos blessures émotionnelles contractées durant notre enfance attendent patiemment que nous les libérions. C’est à cette seule condition que nous pouvons espérer retrouver une vie pleine de sérénité. Mais pour y parvenir, il nous faut accepter de nous reconnecter à ces émotions souvent douloureuses que nous avons appris à éviter ou à refouler depuis tant années.

Etape 7 : Faire confiance à la vie
Les étapes précédentes nous ont permis de reconquérir notre pouvoir personnel et de découvrir dans quelle direction nous désirons l’utiliser. C’est le moment d’abandonner la lutte et de cesser de vouloir tout contrôler. Car si nous avons été capables de modifier notre manière de percevoir nos vies et de réagir aux événements qui s’y produisent, nous n’avons aucun pouvoir sur les forces inconscientes qui déterminent nos existences elles-mêmes. Nous ne pouvons donc qu’accepter avec confiance, curiosité et gratitude toutes les expériences que la vie ne manquera pas de nous présenter. Car ce sont ces expériences qui participeront à notre véritable évolution.

1.4 - AVERTISSEMENT

 

Ce programme est une tentative d’exploration de ce qui fait de nous des êtres humains, tant individuellement que collectivement. A ce titre, aucune des facettes de nos personnalités – des plus plaisantes aux plus dérangeantes – ne sera laissée de côté. Quelques conseils préliminaires sont donc nécessaires :

Soyez indulgent envers vous-même : Au cours de ce programme, vous réaliserez peut-être que vous avez - à votre insu - l’habitude d’user de comportements ayant pour but de manipuler les autres ou d'entrer en conflit avec eux. Essayez pourtant de ne pas vous juger trop durement : ces mécanismes font partie des conditionnements que nous avons tous reçus. Demandez-vous seulement si, à présent que vous en avez pris conscience, vous projetez de les abandonner ou pas : c’est cette décision qui vous définira, pas votre passé.

 

Soyez tolérant envers les autres : De la même manière, il se peut qu’après avoir pris connaissance de certains chapitres, vous commenciez à déceler chez vos proches des comportements qui vous apparaitront soudain délétères. Ne les jugez pas trop durement non plus : la plupart de ces mécanismes sont inconscients. Au lieu de faire à vos proches des reproches qu’ils ne pourront comprendre ou de vous éloigner d’eux, partagez ce programme avec eux et discutez de vos ressentis mutuels.

 

Ouvrez votre esprit : Il s'agit probablement là de la recommandation la plus essentielle. Comme nous le verrons plus tard, notre cerveau a tendance à repousser instinctivement les idées qui sont nouvelles, celles qui dérangent nos idées reçues, ou encore celles qui vont à l'encontre de nos intérêts personnels. Essayez donc de dépasser ces réflexes conditionnés ; osez ouvrir votre esprit aux idées neuves et acceptez la possibilité de penser différemment.
Mais cependant…

 

Gardez un esprit critique : Ce programme, même s’il fait appel à de nombreux concepts scientifiques, est le fruit du regard que son auteur pose sur le monde. S’il représente une vérité, elle ne peut donc être que personnelle, subjective. N’hésitez donc pas à vous faire votre propre opinion en confrontant les principes énoncés ici à votre propre expérience ou à votre propre ressenti.
Toutefois…

 

Evitez le déni : Ce programme traite aussi des motivations inconscientes qui influencent nos vies, mais que nous sommes par définition incapables de discerner par nous-mêmes. Alors plutôt que de vous placer spontanément dans le déni, essayez de temps en temps de vous poser la question : « Et si c’était vrai ? » ; et prenez le temps de ressentir ce que cette proposition produit en vous.

 

Ne vous sentez pas jugés : Si, à certains moments, vous vous sentez personnellement remis en cause, prenez ce sentiment comme une réaction normale de votre ego. Car ce programme ne portera jamais de jugement sur l’individu que vous êtes (il ne vous connait pas, comment le pourrait-il ?). Il se permettra seulement de questionner les stratégies que nous utilisons tous pour parvenir à nos fins, ainsi que ces fins elles-mêmes. Nous sommes qui nous sommes, pensons comme nous pensons, et agissons ensuite afin d’obtenir, plus ou moins consciemment, les résultats que nous désirons. Ce sont seulement ces pensées, ces actions et ces résultats que ce programme entend parfois remettre en cause, jamais la personne que vous êtes réellement.  

 

Gardez un cœur ouvert : Si certaines émotions se présentent à vous durant ce programme, accueillez-les : chaque émotion est un cadeau, le signe que quelque chose désire apparaitre à la conscience. Laissez-vous donc porter, sans jugement et en toute confiance : quand une émotion s’autorise à sortir, c’est que l’on est capable de l’accueillir.

 

Partagez : S’il vous a intéressé, voire touché, n’hésitez pas à parler de ce programme à vos amis et à partager ensuite vos ressentis, vos remarques, vos interrogations avec eux : c’est en confrontant ses idées à celles des autres que l’on évolue ; et c’est en les partageant que l’on se rapproche.

A noter :
- Afin de pouvoir être utilisé comme un manuel, ce programme comporte régulièrement des renvois vers d’autres chapitres. Par exemple, (1.5) renvoit au chapitre 1.5
- Certaines théories exposées ici ont été volontairement simplifiées. Quand c’est le cas, des ouvrages permettant d’approfondir le sujet sont proposés en fin de chapitre.

1.5 - LE CAS DU MARI VOLAGE

 

Avant de passer au programme en lui-même, amusons-nous un instant à une étude de cas qui permettra de mettre en valeur les principes qui sous-tendent le programme de "Libération de soi". Pour cette étude, nous utiliserons un cas de marivaudage tout ce qu’il y a de plus classique : le mari volage.

 

A noter : Cet exemple (ainsi que tous ceux qui jalonnent ce programme) est bien sûr tout aussi valable si l’on échange les rôles de l’homme et de la femme, ou si l’on préfère considérer deux hommes ou deux femmes en couple.

A noter aussi : De la même manière, nous utiliserons, pour le texte principal de ce programme, une forme "neutre", non genrée. N’y voyez là aucune discrimination, mais seulement un moyen de ne pas trop alourdir la lecture.

 

Alors voilà :
Imaginez un homme marié depuis de nombreuses années, qui voit un jour s’installer sur son palier une nouvelle voisine charmante. Très attiré, il entame bientôt une aventure avec elle. Sa femme le découvre au bout de quelques semaines. D’après vous, que va-t-elle ressentir ?

(Prenez quelques secondes pour vous imaginer cette situation et observer les pensées et les émotions qui vous traversent.)

Si vous avez pu donner une réponse à cette question – alors qu’aucun indice ne pouvait objectivement vous y aider –, c’est probablement parce que vous avez laissé l’un de vos conditionnements personnels s’exprimer spontanément. Ce conditionnement peut être de deux sortes :

- Une blessure affective. C’est le cas si vous avez déjà été "victime", dans le passé, d’un évènement similaire ou vécu une situation pouvant faire émotionnellement écho à celle-ci (telle que la trahison d’un frère ou d’une sœur, le rejet ou l’abandon d’un parent, etc.) et que vous n’avez pu vous empêcher de projeter votre propre histoire personnelle sur cette intrigue fictive.
- Une croyance héritée. Cela se produit si l’une de vos croyances personnelles (telle que "Un couple, c’est forcément une exclusivité sexuelle", "On n’a pas le droit de rompre sa promesse de mariage" ou encore "Les hommes sont tous des salauds") est tellement ancrée en vous qu’elle vous a contraint à prononcer un avis moral sur cette situation imaginaire.

 

Si vous faites partie de ces personnes ayant porté un jugement à l’emporte-pièce, ne vous blâmez pas : c’est ce que nous faisons tous lorsqu’une situation interpelle une de nos croyances ou réactive une de nos blessures, et nous touche ainsi personnellement. Et si votre réaction a été de jeter l’opprobre sur le mari, pas de souci non plus : vous n’avez fait que suivre le consensus général, qui considère encore de nos jours l’adultère comme une faute, un "péché" – ce que reflète notre vocabulaire à travers des mots comme "tromper", connoté négativement.

Ici pourtant, l’intention du mari n’a jamais été de "tromper" sa femme – ce qui sous-entendrait que son action était tournée contre elle, qu’il souhaitait lui faire du tort. Bien au contraire, il espérait très probablement (mais ceci est une supposition) qu’elle n’apprenne jamais son incartade. Il a en réalité seulement obéi à son désir – un désir sexuel ou d'intimité lié à un besoin suffisamment impérieux pour qu’il fasse fi des règles sociales et morales en cours, et peut-être même de ses propres principes et valeurs.

 

Alors quelle est la bonne réponse à notre histoire du mari volage ? Aucune, bien sûr :

- Si la femme se sent encore éperdument amoureuse de son mari, probablement va-t-elle ressentir une souffrance liée à une blessure de trahison ou de rejet.
- Si les liens affectifs avec son mari sont depuis longtemps éteints mais que ce dernier était un moyen, pour elle, de conserver un confort de vie et un statut social, cette femme va peut-être ressentir une angoisse liée à son besoin de sécurité.
- Si sa première pensée est que lorsque ses amies apprendront son infortune, elles se moqueront d’elle, alors son besoin de considération bafoué fera que son sentiment dominant sera vraisemblablement la honte.
- A moins que, manquant de confiance en elle, elle ne ressente qu’une culpabilité dévorante : n’est-elle pas une femme assez douce, assez gentille, assez prévenante, assez "bien" pour que son mari ressente le besoin d’aller voir ailleurs ?
- Un dernier cas enfin : que cette femme, lasse depuis longtemps de son mari, attendait l’occasion de se séparer de lui. Dans ce cas, la découverte de cette incartade sera une nouvelle réjouissante qui servira peut-être ses intérêts lors de ce divorce qu’elle n’espérait plus.
- … A moins bien sûr que son mari, entretemps, ne lui découvre à son tour l’existence d’un ou de plusieurs amants, allez savoir !!

 

Un proverbe indien prétend qu’il faut se garder de juger une personne tant que l’on n’a pas passé sept années dans sa peau. Il est vrai que connaitre les ressorts intimes d’un être humain est une tâche herculéenne. Les différentes réactions que nous venons de citer sont, par exemple, toutes aussi envisageables les unes que les autres, et ne dépendent finalement que de trois facteurs principaux, qui sont à l’origine de toutes nos émotions et que nous retrouverons donc tout au long de ce programme :
- L'intensité et la profondeur des blessures affectives  – peut-être d’abandon ou de rejet – que cette femme porte en elle depuis son plus jeune âge,
- La sincérité et la force des croyances personnelles, conscientes et inconscientes, qu’elle entretient à ce moment à propos de son mari et de son mariage,
- L'importance et le degré de satisfaction des besoins essentiels de cette femme - comme par exemple ceux de sécurité ou de lien affectif.

 

Nous ne savions donc rien de cette femme, ni de ses blessures, croyances ou besoins. Et pourtant, il y a fort à parier que la plupart d’entre nous avons choisi de porter un jugement sur sa situation matrimoniale sans même chercher à connaitre les détails de sa vie – et encore moins de celle de son mari ! Parce qu’au simple énoncé de leur mésaventure, au lieu de prendre du recul et de faire appel à notre capacité de raisonnement, nous avons laissé nos propres blessures et croyances prendre le contrôle, et nous imposer pensées et émotions. Nous avons réagi de façon machinale, sous l’influence de nos conditionnements passés, et avons ainsi abdiqué notre libre-arbitre et notre pouvoir personnel (à propos d’une histoire, rappelons-le, totalement fictive et impersonnelle – ce qui nous laisse imaginer ce que nous aurions ressenti si cette mésaventure nous était arrivée pour de vrai à nous-même !).

 

Entendons-nous bien : notre pouvoir personnel, ce n’est pas de nous interdire de porter un jugement sur une situation donnée – comme nous le verrons, les jugements nous sont naturels et nécessaires. Ce n’est pas non plus nous empêcher de ressentir des émotions face à une situation particulière – comme nous le noterons aussi, il n’est pas souhaitable de contenir ou de refouler nos sentiments. Non, lorsqu’un évènement se produit dans notre vie, notre pouvoir personnel consiste à ne pas laisser nos conditionnements prendre spontanément le dessus et porter un jugement irréfléchi. Car comme nous le découvrirons aussi lors de ce programme, nos jugements "spontanés" sont le fruit de croyances qui ont naturellement tendance à être simplistes, manichéennes, négatives et complaisantes… quand elles ne sont pas totalement erronées ! Non, notre pouvoir personnel, lors d’un évènement, consiste à :
1) arrêter un instant le cours de nos pensées automatiques en suspendant momentanément notre jugement,
2) prendre le temps de considérer tous les paramètres de la situation, d’écouter le point de vue de tous les protagonistes, d’envisager toutes les interprétations possibles,
3) imaginer toutes les possibilités d’action qui s’offrent à nous, et toutes les conséquences possibles qui en découleraient,
4) et ensuite seulement, en toute conscience, choisir les interprétations, les jugements et les actions qui nous semblent les plus adéquates, les plus justes … ou simplement celles qui nous arrangent le plus !

 

Quelle différence avec la situation d’avant, me direz-vous ? Eh bien le simple fait de garder en tête que notre perception d’un évènement est toujours partielle et biaisée, que son interprétation est totalement imputable à nos conditionnements passés, et qu’il existe une multitude de points de vue tous aussi envisageables, nous permet de relativiser nos jugements et d’ôter aux émotions qui en découlent le pouvoir destructeur qu’elles peuvent parfois prendre sur nous. En cessant de prendre les évènements émotionnellement au premier degré, nous perdons le sentiment de les subir passivement ; en décidant consciemment de l’interprétation que nous voulons leur donner, nous reprenons le pouvoir sur nos vies.

 

Dans le cas du mari volage, la première réaction de sa femme pourrait être de se placer dans le rôle de victime, de laisser monter en elle colère et rancœur, de blâmer, de culpabiliser, de menacer son mari et d’ainsi entrer dans un cercle vicieux destructeur où les pensées négatives créent, justifient et encouragent les émotions négatives ; elle pourrait ainsi inconsciemment essayer de "faire payer" son mari pour ce père qui préférait passer ses journées au travail plutôt qu’avec elle, ou pour ce premier amoureux qui avait blessé son amour-propre en la quittant pour sa meilleure amie, ou seulement obéir à l’injonction de sa mère qui lui répétait sans cesse de "ne jamais se laisser avoir par les hommes". Cela pourrait peut-être la soulager à court terme, détourner son attention des problèmes de couple qu’elle n’avait pas voulu voir, lui éviter le réveil d’émotions refoulées plus douloureuses encore... Mais cela ne résoudrait rien à sa situation, bien au contraire.

Ou alors cette femme pourrait user de son pouvoir personnel de réaction. Elle pourrait choisir de ne pas céder à la tentation de la violence ; elle pourrait décider d’aller observer les véritables émotions – derrière la colère et le ressentiment – que cette situation soulève en elle, et essayer de découvrir d’où elles pourraient être issues, dans son passé ; elle pourrait ensuite choisir d’entamer un dialogue sincère et apaisé avec son mari afin d’essayer de comprendre les raisons de son acte, et en profiter pour lui faire part de ses sentiments à propos de cet incident et de leur relation en général, tout en l’encourageant à en faire de même. Cette "suspension de jugement" et cet échange lui permettraient de redécouvrir la situation depuis l’angle de vue de son mari, et probablement de réaliser que ce dernier n’est pas le monstre que sa colère aurait voulu s’inventer, mais seulement un être humain essayant de faire au mieux, partagé entre ses besoins et ses manques, ses désirs et ses frustrations… tout comme elle.

User de son pouvoir personnel éviterait ainsi à cette femme d’entamer une guerre dont ni elle, ni son mari, ni leurs sentiments respectifs ne pourraient ressortir indemnes. Et c’est ensemble – et non pas l’un contre l’autre – que tous deux pourraient essayer de trouver une solution à cette situation ; en choisissant consciemment de faire fi de tout ressentiment et de se rassembler autour du respect et de l’amour qui ne doivent pas encore manquer d’exister entre ces deux êtres, malgré les circonstances.

Ne soyons cependant pas angélique : si cette situation adultérine entre chez elle en conflit avec des croyances ou des blessures affectives profondes, cette femme ne pourra pas éviter de ressentir une vive douleur émotionnelle. Mais celle-ci sera cependant tempérée par son acceptation de la situation et par l’absence de conflit intérieur et extérieur – car, comme nous le verrons, c'est en réalité la non-acceptation et la résistance qui créent, intensifient et font perdurer nos souffrances.

De plus, si, au lieu de blâmer son mari et de rejeter tous les torts sur lui, cette femme accepte la responsabilité de sa souffrance, elle pourra trouver en elle une occasion de se "libérer". Car nous apprenons généralement plus de nos souffrances que de nos joies, et la douleur que cette femme ressentira pourra, si elle le choisit, lui permettre d’ouvrir son esprit (en remettant en cause certaines de ses croyances à l’origine de ses émotions négatives), et de guérir ses blessures affectives (en allant libérer les mémoires émotionnelles à l’origine de sa souffrance) – deux voies de "Libération de soi" que nous détaillerons dans la suite de ce programme..

 

Cette étude de cas est à présent terminée. Elle nous aura permis de comprendre que lorsque nous vivons dans l’inconscience de nos conditionnements, nous avons tendance à réagir de manière automatique aux évènements, ce qui nous donne la sensation de subir la vie ; mais que lorsque nous choisissons d’accéder à la conscience, s’ouvre à nous un espace de liberté qui seul nous permet d’agir de façon délibérée sur les circonstances de notre existence.

C’est ce super-pouvoir personnel, cette capacité à choisir et à créer sa vie que le programme de "Libération de soi" ambitionne de vous aider à obtenir.